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La tablette de
plomb d’Alcoy, un texte gréco-ibérique.
L’inscription, en écriture gréco-ibérique, gravée au revers de la tablette de
plomb d’Alcoy, trouvée dans le Sud-Est de l’Espagne en 1921, est déchiffrée en
donnant aux lettres grecques qui y figurent, une signification syllabique et non
plus seulement alphabétique. On y reconnaît alors des termes de la langue turque
ancienne. Le message, qui a été déchiffré et traduit, se rapporte à une
opération commerciale concernant des bovins. Il atteste la présence en Espagne,
vers le IVe siècle avant J.C., d’émigrés turcophones ayant été antérieurement au
contact du monde grec.
Introduction :
La tablette de plomb d’Alcoy a été trouvée dans le Sud-Est de l’Espagne, en
1921, au village de La Serreta, près de la ville d’Alcoy, à 35 km environ au
nord d’Alicante.
Elle est de forme rectangulaire (171x62mm) et comporte deux faces dont les
inscriptions sont distinctes. L’écriture est dextroverse et composée de lettres
grecques aisément reconnaissables.
Cette tablette fait partie d’un groupe très restreint d’inscriptions de même
écriture, dite gréco-ibérique, - une trentaine environ actuellement - qui ont
été découvertes à proximité des villes d’Alcoy et d’Alicante. On estime
généralement qu’elles datent du IVe
siècle avant J.C., en ordre de grandeur
(1,2).
Il s’agit donc d’un matériel épigraphique très limité, aussi bien dans l’espace
que dans le temps et par le nombre d’inscriptions. Pourquoi s’y intéresser ?
Parce qu’il possède, à notre avis, une vertu majeure : celle de nous mettre sur
la piste d’un idiome qui fait partie des langues parlées dans la péninsule
ibérique avant l’occupation romaine.
Cet idiome n’est ni du grec ni du phénicien. Il diffère également de la langue
que nous avons reconnue dans les inscriptions du Sud du Portugal, dans notre
communication précédente, et qui s’apparente au basque.
C’est un deuxième idiome original qui prend place dans la structure linguistique
de la péninsule. Lorsque nous examinerons les inscriptions du levant espagnol et
du Roussillon – beaucoup plus nombreuses que les gréco-ibériques – la
connaissance de cet idiome nous sera précieuse car elle apportera une
confirmation à nos propositions.
Depuis la découverte de la tablette d’Alcoy, il y a donc quatre-vingts ans
maintenant, les spécialistes de l’épigraphie gréco-ibérique ont adopté une
position qui n’a pratiquement pas varié : ils assurent que « la lecture des
inscriptions gréco-ibériques ne pose pas, ou peu de problème », et qu’il s’agit
« d’un simple emploi de l’alphabet grec pour écrire
l’ibère1 ».
Malheureusement, lorsque l’on déchiffre les textes concernés de cette manière,
on découvre un vocabulaire obscur que l’on ne sait pas interpréter et aucune
traduction ne suit. D’après les spécialistes évoqués plus haut, cette triste
situation n’a rien à voir avec le mode de déchiffrement, mais provient de notre
ignorance de la langue des inscriptions, c’est à dire de ce que l’on appèle
l’ibère. Celle-ci est jugée non-indo-européenne mais, à part cela, hermétique et
sans rapport connu avec un idiome, vivant ou mort, maîtrisé.
Nous allons montrer dans cette communication que l’on peut apprécier et traiter
l’affaire très différemment. Il convient pour cela de substituer un mode de
déchiffrement
Au lieu de déboucher sur des termes obscurs que l’on ne sait rattacher à aucune langue connue, on obtient alors - après un tel déchiffrement syllabique – des termes parfaitement identifiables et qui relèvent de la langue turque ancienne.
Pour le montrer, nous allons examiner l’une des trois inscriptions que contient
la tablette de plomb d’Alcoy. Sur l’avers, il y a en effet, deux messages
séparés par le terme « İRİCI » qui correspond en turc moderne, à « AYRICI » ce
qui veut précisément dire : « séparation ». Au revers, il y a un seul message
qui est le plus long des trois. Il comporte cinq lignes et a trait à une
opération commerciale que le scripteur décrit au destinataire de la tablette.
Du point de vue de la lisibilité des signes gravés dans le plomb de la tablette,
il n’y a pas de difficulté majeure (quelques différences, non sensibles, entre
la lecture de J.Cejador et celle de J.Untermann).
La traduction que nous proposons, pour ce message du revers de la tablette d’Alcoy, vise à identifier la langue du scripteur ; elle est très certainement améliorable. Dans son état présent, elle aboutit, à notre avis, au but recherché. Bien entendu, rien n’empêche les spécialistes de l’affiner.
Déchiffrement et traduction de l’inscription gréco-ibérique du revers de la tablette d’Alcoy. |